EN SUISSE:
"C’est par un mot dans la boîte aux lettres lundi matin que le postier a annoncé son départ: «Amis, habitants de Marchissy et Le Vaud, c’est avec grand regret que je vous annonce ma démission de La Poste après 31 ans de bons et loyaux services.» Vivant lui aussi dans la commune, il souhaitait remercier la population pour le
feeling
qui était passé durant deux ans. Depuis, son téléphone ne cesse pas de sonner: des villageois lui témoignent leur soutien.
Du soutien, le facteur en a besoin. Parce que La Poste, il ne connaît que ça. Il a commencé son apprentissage à 16 ans à Genève. Celui que l’on surnomme «Gigi» depuis cette époque a ensuite rejoint les bureaux de Plainpalais. Il s’est installé à La Côte il y a dix ans. Après avoir travaillé à l’office de Nyon comme responsable, il a rejoint Le Vaud. Aujourd’hui, toujours vêtu de sa chemise de postier, l’homme de 47 ans que l’on dit dynamique et travailleur est las: «Je ressens de la tristesse parce qu’on est en train de tuer la profession!»
Multiplication des tâches
Parmi les griefs de l’employé, la multiplication des tâches: «On doit désormais entretenir les locaux, nettoyer les toilettes. Ce n’est pas que je ne le fais pas chez moi, mais je n’ai pas été engagé pour ça!» Il est aussi fatigué de rendre des comptes: «Je ne suis plus libre. Je dois scanner mon temps de travail et justifier pourquoi ma tournée a été longue.» L’aspect social passe à la trappe: «On n’a plus le temps de discuter avec les habitants!»
En apprenant en plus qu’il devait changer de lieu de tournée et distribuer à Saint-Cergue, il a préféré dire stop. Il ne voulait pas non plus être rattaché dès 2013 au centre de Gland comme les autres postiers et y trier le courrier B l’après-midi. «Moi, je peux me payer le luxe de pouvoir partir. Ma femme travaille et mes enfants sont grands. Mais d’autres sont mécontents et ne peuvent pas tout quitter.»
La Poste réfute
Nathalie Salamin, porte-parole de La Poste, réfute la vision selon laquelle le collaborateur passe en dernier: «La Poste ne surveille pas. Compte tenu de l’existence de périodes riches et creuses, les employés doivent compter leurs heures de travail pour pouvoir les compenser par la suite.» Selon l’attachée de presse, le fait de proposer plusieurs tournées, c’est un moyen de rendre le métier plus attractif, d’offrir un renouvellement et des connaissances accrues. Elle explique enfin que la réunion des postiers à Gland permettra un regroupement des forces. «Il s’agit d’un procédé assez habituel visant la flexibilité, notamment pour que les membres d’une équipe se relaient si besoin.»
Reste qu’à Marchissy les habitants regrettent déjà leur postier. Comme Jean-Louis Humbert, ancien syndic: «Il est souriant, il fait toujours un signe de la main et il trie bien. C’est le facteur idéal. Il va nous manquer.»
HEUREUSEMENT , ON NETTOIE PAS ENCORE LES CHIOTTES !!