Postman
Nombre de messages : 1531 Age : 45 Localisation : Paris Date d'inscription : 09/08/2008
| Sujet: "La naissance du syndicalisme postal" Mar 16 Juin 2009 - 22:54 | |
| " La naissance du syndicalisme postal" de Frédéric PACOUD Cette neuvième levée des Cahiers aborde le thème du syndicalisme postal. Le sujet n'est pas pris dans son ensemble, l'optique aurait été par trop ambitieuse. L'étude s'en tient à la genèse du mouvement, dont les racines associatives émergent ensuite en structures syndicales : elle traite des frémissements revendicatifs et des premières luttes, souvent violentes, notamment à travers les deux grandes grèves du début du siècle en 1906 et 1909. Le travail de Frédéric Pacoud a le mérite de nous rappeler que les mouvements syndicaux chez les postiers ne sont pas nés des problèmes à propos des conditions de travail ou des salaires, mais plutôt au sujet de l'avancement de grade. Les postiers, qui voient le terrain devenir fertile, doivent cependant réfréner leurs ardeurs : la loi Waldeck Rousseau de 1884 qui accorde une reconnaissance légale aux syndicats, laisse les fonctionnaires de côté… Insupportable tutelle étatique qui ne reconnaît pas aux travailleurs de l'Etat les mêmes libertés qu'aux ouvriers ! L'Etat ne montre alors pas l'exemple en matière sociale. C'est le récit de l'évolution d'associations de postiers, d'abord clandestines puis révélées au grand jour, se radicalisant ensuite pour certaines, puis se transformant en structures syndicales, qui nous est proposé à la lumière de cette recherche. Publication du Comité pour l'Histoire de La Poste [Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien] |
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Invité Invité
| Sujet: Re: "La naissance du syndicalisme postal" Dim 20 Sep 2009 - 22:25 | |
| 1899 - 1914 La grève est interdite pour tous les fonctionnaires. Quand les personnels y recourent, ils s'exposent à des sanctions qui vont jusqu'à la révocation. De plus le droit syndical ne s'applique pas aux agents de l'État.
Grèves partielles et parisiennes de facteurs 18 mai 1899 : première grève de facteurs des postes à Paris RP(Recette principale, rue du Louvre). Grève partielle, pour une augmentation des salaires. Le sous-secrétaire d'État aux Postes et Télégraphes Léon Mougeot, fait appel à l' armée pour distribuer le courrier. 27 révocations et nombreuses autres sanctions.
- 11 - 19 avril 1906 : Alors que toute la presse concentre ses articles sur la grève générale proclamée par la CGT pour le 1er
mai, des facteurs parisiens se mettent en grève. L'année précédente, un syndicat s'est constitué parmi eux. Les grévistes veulent que l'administration reconnaisse leurs porte-paroles. Au contraire, le ministre des Travaux publics et des PTT, Louis Barthou refuse tout dialogue et laisse "pourrir" un mouvement qui touche surtout les moins âgés des facteurs. Pour finir, près de 300 révocations frappent les grévistes. Tous sont réintégrés les mois suivants, jusqu'au 1er novembre. Parmi les figures du syndicalisme postier, quelques-uns des facteurs sanctionnés: Pangrani, Henri Grangier, Louis Simonnet. Cette grève est restée très localisée et n'a impliqué qu'une catégorie du personnel postal.
Droit syndical dénié aux fonctionnaires
- 22 mars 1907 : le gouvernement, présidé par Georges Clemenceau
a proposé, quelques jours plus tôt, une loi portant sur les droitsd'association des fonctionnaires. C'est en fait un texte restrictif et jugé tel par les "syndicalistes". 7 d'entre-eux adressent une lettre ouverte à Clemenceau au nom d'un Cartel pour la défense du droit syndical. Tous les sept, l' instituteur Marius Nègre, l' employé de l'éclairage Émile Janvion et...cinq postiers sont révoqués sur le champ. Pour les postiers, sont ainsi sanctionnés le secrétaire de l'Association générale des agents des PTT, Clavier [Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image], les facteurs Simonnet et Grangier, qui en sont à leur deuxième révocation, et deux commis des services ambulants, Paul Amalric et Paul Quilici.
Les grèves de l'année 1909
- 12 mars - 23 mars 1909 : la première grève généralisée
à tous les PTT. Elle met en mouvement les télégraphistes, les agents des bureaux de poste, les postiers des services ambulants (les agents travaillant dans les wagons-poste), les dames employées du télégraphe et du téléphone, les ouvriers des lignes. Malgré une fermetéproclamée, malgré le soutien à cette politique obtenu à la Chambre des députés par Louis Barthou et Clemenceau, malgré des sanctions prises, la grève perdure. Née à Paris, elle s'étend aux principales villes de France, avec des points forts à Lyon, Marseille, Rouen, Lille. Cependant, elle semble plus suivie dans la catégorie des agents, que chez les facteurs, dans les grandes concentrations "tertiaires" comme les centraux télégraphiques, les bureaux de tri des gares, les services ambulants, essentiels dans l'acheminement du courrier ou les dépêches télégraphiques, que dans les centres de moindre importance. Le gouvernement se trouve dans l'obligation de négocier avec les grévistes. Les revendications de ceux-ci portent à l'origine sur des problèmes internes d'avancement. Mais au fil d'événements à rebondissements, c'est la démission du sous-secrétaire d'État aux PTT, Julien Simyan qui devient l'objectif que les grévistes croient pouvoir atteindre. À Paris des meetings quotidiens: ceux-ci semblent selon la presse rassembler des foules importantes, peu habituées à ce genre de réunion, mais qui au fil des jours s'affermissent dans la grève. Fermeté ? Clemenceau en a fait preuve contre la CGT les années précédentes...Cependant des circonstances le contraignent à reculer. Il y a le soutien du public à une grève qui met en avant des agents en "cols blancs" que la propagande du Tigre peine à présenter comme des révolutionnaires. Il en est de même pour les dames téléphonistes dont la participation à cette grève est une première. Il y a aussi une forte pression des milieux d'affaires, désarçonnés par cette grève imprévue. Des négociations officieuses entre le ministre Louis Barthou et le syndicat des ouvriers des PTT s'ouvrent. Insuffisantes, car ni les "agents, ni les facteurs ne sont représentés.
Le 22 mars 1909, alors que plusieurs milliers de grévistes sont rassemblés en un meeting encore plus massif que les précédents, une délégation de 12 postiers (dont quatre femmes, fait extraordinaire pour longtemps), représentants des grands services en grève est reçue, Place Beauvau, par Clemenceau en personne. Elle obtient des promesses verbales, qu'elle transmet aux grévistes. Comme lors de chaque décision, la reprise du travail est soumise au vote, à mains levées. Majoritairement les postiers se rallient à la fin de la grève, alors qu'elle semblait devoir durer... Face à des syndicalistes encore peu expérimentés, Clemenceau fait preuve d'un art politique évident: de 1906 à 1909, son gouvernement ne tient-il pas près de 3 années dans une Troisième République marquée par l'instabilité ministérielle. Quant aux postiers, auxquels ont été "promis" la levée des sanctions et la réforme de leur avancement, ils peuvent, à l'instar de l'Humanité de Jean Jaurès, crier : Victoire !!
- avril 1909 : dans l'euphorie de cette victoire, certains
postiers se laissent entrainer à sous-estimer le politicien manœuvrier qu'ils ont face à eux. Si le Syndicat des ouvriers des PTT a contribué, avec discipline et pragmatisme, au succès de la grève, si les postiers ont suivis massivement les dirigeants de l'A.G. des agents, qui est un syndicat sans en avoir le nom, l'ensemble du "prolétariat postal" est loin du Syndicalisme-révolutionnaire de certains dirigeants de la CGT. Cependant quelques leaders de l'A.G. y voient l'avenir. Ils interviennent dans plusieurs meetings syndicaux, dont l'un à Paris, le 4 avril, rassemble des milliers de participants. Certains orateurs voient la Révolution poindre: le gratin du Syndicalisme-révolutionnaire est à la tribune, Georges Yvetot, Raymond Péricat, Émile Pataud, Émile Janvion. Le postier Louis Simonnet y réclame le droit syndical pour les fonctionnaires. Le secrétaire de la CGT, Louis Niel est plus circonspect. Du côté socialiste SFIO, c'est le temps du Congrès national annuel, à Saint-Étienne. Le commis des postes Jean-Louis Chastanet y intervient en prophétisant la lutte finale. Pendant ce temps, Clemenceau et son ministre Louis Barthou, préparent des conseils de discipline, tandis que les Chambres de commerce prévoient des acheminements supplétifs. Début mai, les leaders "syndicaux" des PTT sont traduits devant les instances administratives pour "propagande révolutionnaire" contrevenant à leur obligation de réserve. Tous sont révoqués : Chastanet, Lamarque, Charles Le Gléo, en particulier, ceux-là que Clemenceau avait reçu en délégation. Par fournées, tous les dirigeants du syndicalisme naissant sont promis à sanction: les responsables de l'A.G. des agents, Frédéric Subra, Raoul Montbrand, Paul Amalric tout comme les jeunes, souvent âgés de moins de trente ans, dont la grève révèle le talent militant: André Février (24 ans), à Lyon, Clovis Constant (21 ans), au Havre, René Plard (21 ans) à Nevers, Louis Thomas, connu sous le nom de Maurice Harmel, (25 ans), ou André Maratrat (21 ans), au central télégraphique de Paris.
- 11 mai - 20 mai 1909: les 3 organisations syndicales catégorielles, constituées depuis mars 1909 en une Fédération nationale des PTT lancent, en riposte, un appel à la Grève générale des postiers. La masse des postiers, le Central télégraphique
même, pourtant en pointe de la grève en mars, ne suivent pas le mot d'ordre. Le courrier est détourné pour être traité par un circuit parallèle. La Chambre de commerce d'Amiens va jusqu'à émettre des vignettes spéciales, qui ont allure de timbres-poste. Les sanctions administratives pleuvent sur les rares grévistes. Le soutien de la SFIO, celui de la Ligue des droits de l'homme ne suffisent pas. La direction de la CGT, sollicitée mais divisée, lance à son tour un appel à une gréve générale: celle-ci intervient le 20 mai, alors que le nombre des grévistes aux PTT, décimés par les sanctions, est très faible. Cette grève générale, occasion de quelques bagarres à Paris, est un fiasco. Le 21 mai, c'est la direction de la CGT qui appelle à la reprise du travail. Plus de 800 postiers sont révoqués.
Cinq jours plus tard, le 26 mai 1909 le secrétaire général de la CGT, Louis Niel démissionne. Son remplaçant, Léon Jouhaux élu en juillet 1909 va marquer le syndicalisme français. À l'automne 1909, tirant les conséquences des grèves, un noyau de syndicalistes animé par Pierre Monatte, qui a suivi les événements en tant que journaliste d'un éphémère quotidien, la Révolution, lancé par Émile Pouget, crée une revue d'étude et d'action syndicales, la Vie ouvrière. Quant à Clemenceau, son gouvernement est mis en minorité le 20 juillet 1909. Alexandre Millerand, ministre des PTT du gouvernement suivant formé par Aristide Briand, réintègre dans l'administration la pupart des révoqués et supprime le poste de sous-secrétaire d'État aux PTT.
Source : wikipédia |
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